« Mornings turn to night / And then the night becomes the day / I can’t keep with up with time »... Les paroles de "Blame" des Gabriels me chatouillent l’échine – sensibilité soul, accents R&B vintage. Fin avril, comme dans cette chanson, le temps s’échappe. Le programme de l’année scolaire avance inexorablement. En deuxième primaire, mon fils se démène avec les verbes « avoir » et « être », incontournables auxiliaires de temps, d’aspect et de mode. Souligner le verbe, entourer le sujet et la terminaison. Recopier, effacer, recommencer. Avoir ou être ? Jamais je ne m’étais arrêté si longuement sur l’omniprésence antinomique de ces deux verbes, sur le grand écart qu’ils suggèrent. Avoir. Rappel des objurgations de la société de posséder toujours plus, acquérir, amasser, faire le plein, jusqu’à la garde, jusqu’à l’absurde. Être. Ici, là ou ailleurs. Pour ou contre. Bien ou mal. Dans les lignes ou dans la marge. Soi-même, avant tout. Et toujours se souvenir du sens premier du verbe être : exister ! À l’heure des devoirs, à l’heure des « je-tu-il-nous-vous-ils », des « ai-as-a-avons-avez-ont », des « suis-es-est-sommes-êtes-sont » : être dans l’instant, avec ce petit garçon qui triture les mots pour se libérer le plus vite possible du fardeau. Profiter du moment et ensuite s’évader à deux. Refus de l’avoir, du matériel. Pratiquer le vagabondage, la pérégrination légère, les itinéraires quotidiens gyrovagues. Profiter de notre temps conjugué, composé. Activer notre présent imparfait, nos compléments d’objection indirecte, notre part transitive – ce qui nous lie. Alors avoir ou être ? Mon choix « est » résolument fait…
Photo : Unsplash
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