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Photo du rédacteurMarc Meganck

Écran total


L’agitation diplomatique et géopolitique du moment, les rhétoriques guerrières, les menaces et les craintes les plus folles glissent à mots feutrés vers une arithmétique aux relents chimique et nucléaire. Mais à la fois la vie a repris « après » la pandémie. Mais à la fois le soleil brille sur le monde occidental. Écran total et crème solidaire à haut pouvoir de persuasion sécuritaire. Alors me reviennent ces mots de Stefan Zweig qui séjourne au Coq juste avant la Première Guerre mondiale. Il évoque ces quelques jours de l’été 1914 dans ses mémoires, Le Monde d’hier. Un dernier moment de sérénité avant l’horreur : « Dans la petite station balnéaire […] régnait la même insouciance. Les gens heureux de leurs congés étaient allongés sur la plage sous leurs tentes bariolées ou se baignaient ; les enfants lâchaient des cerfs-volants ; devant les cafés, les jeunes gens dansaient sur la digue. Toutes les nations imaginables se trouvaient rassemblées en paix […]. Le seul trouble était causé par les petits marchands de journaux qui hurlaient, pour mieux vendre leur marchandise, les manchettes menaçantes des feuilles parisiennes : L’Autriche provoque la Russie, L’Allemagne prépare la mobilisation. On voyait s’assombrir les visages des gens qui achetaient les journaux, mais ce n’était jamais que pour quelques minutes. […] Une demi-heure plus tard, on voyait déjà les mêmes personnes s’ébrouer de nouveau et barboter dans l’eau, les cerfs-volants remontaient, les mouettes battaient des ailes, et le soleil riait clair et chaud sur le pays paisible. » À la fin du mois de juillet 1914, le système d’alliances entre nations entraîne l’Europe entière dans la guerre… Et en 2022 ? Quel est notre degré d’insouciance ou d’inconscience ? Quelle est l’efficacité d’un écran total littéraire pour arrêter la machine infernale de ce printemps qui ne devrait être que radieux ?



Photo : Unsplash

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